dimanche 26 avril 2015

Cérémonie du Pluviôse 2015 - Discours

Discours du 25 avril 2015

Eric KOEBERLÉ, Maire de Bavilliers.


Mesdames et Messieurs les élus,
Mesdames et Messieurs les représentants de l’Etat,
Mesdames et Messieurs les membres des forces armées,
Mesdames et Messieurs les membres de l’association des anciens marins,
Mesdames et Messieurs,


Je tiens tout d’abord à remercier chacun d’entre vous de votre présence aujourd’hui. Comme chaque année, nous commémorons ensemble la tragédie du naufrage du Pluviôse.

Le 26 mai 1910, le submersible « Pluviôse » percute accidentellement un paquebot en rade de Calais. Aucun des 27 hommes d’équipage ne survit au naufrage. Parmi eux se trouve l’enseigne de vaisseau Pierre Engel.

La famille Engel, originaire de Mulhouse, installée à Bavilliers depuis l’annexion de l’Alsace par la Prusse en 1871, participe activement à l’essor industriel de Belfort et de sa région. A Bavilliers, elle est propriétaire du domaine du Chênois qu’elle cédera plus tard gracieusement à la Ville.

A la fin du XIXème siècle, la reconquête des provinces perdues est une priorité nationale. Dans ce contexte, les deux fils de la famille Engel s’engagent dans l’Armée et dans la Marine.

C’est au cours d’un exercice de plongée et de torpillage en compagnie d’un autre submersible de la même famille, le « Ventôse », que l’accident se produit.

 Le 26 juin 1910, dix mille personnes conduisent Pierre Engel dans sa dernière demeure au cimetière de Bavilliers. Plus tard, la famille Engel fera ériger un monument à la mémoire des victimes du « Pluviôse ».

Chaque année, l’amicale des anciens marins et la municipalité de Bavilliers commémorent l’évènement et rendent à Pierre Engel et à ses camarades l’hommage qui leur est dû.

J’aimerais aujourd’hui revenir sur l’engagement personnel de Pierre Engel. C’est en 1898, à l’âge de 18 ans qu’il intègre l’École Navale. Il n’ignore pas les dangers auxquels il s’expose mais agit par sentiment du devoir.

Son devoir, c’est celui de mettre sa vie au service de son pays, la France. Pays meurtri, pays démembré, suite à la défaite de Sedan en 1870, face aux armées prussiennes.

A partir de cette date, la régénération de la France est une préoccupation importante pour nos compatriotes. Lorsqu’il s’engage dans la Marine, Pierre Engel partage sans aucun doute cet objectif, lui dont la famille a été contrainte de choisir entre l’exil et la nationalité allemande.

Pour les Alsaciens qui ont connu cette période troublée de l’Histoire, ce choix n’en était pas un. Rester libre, c’était refuser de se soumettre à l’autorité allemande. Rester libre, c’était avant tout rester Français.

Nicolas Berdiaev, philosophe russe de langue française, contemporain de Pierre Engel, disait : « La Liberté n’est pas un droit, c’est un devoir ».

C’est donc d’abord pour la défense de la Liberté, la sienne, celle de sa famille, celle du peuple français, que Pierre Engel s’oriente vers une carrière militaire en 1898.

Issu d’une famille d’industriels, bénéficiant à ce titre d’un bon niveau d’instruction, Pierre Engel était également en phase avec les enjeux de son temps.

L’année 1898 voit naître les premières assurances sociales. C’est aussi l’année de la création de la Ligue des Droits de L’Homme. C’est enfin l’année de la publication par Emile Zola dans le journal L’Aurore, de sa lettre ouverte au Président Félix Faure, intitulée « J’accuse … ».

J’ai choisi de souligner ces évènements pour rappeler qu’à la fin de XIXème siècle, la Démocratie avance à grand pas en France.

A cette époque, prendre la décision de s’orienter vers une carrière militaire, comme l’a fait Pierre Engel, c’est aussi choisir de servir la Démocratie.

Depuis son entrée à l’Ecole Navale en 1898 jusqu’à son décès dans des circonstances tragiques en 1910, Pierre Engel a donc mis sa vie au service de la défense de la Liberté et de la Démocratie.

Mais les attentats terroristes du mois de janvier de cette année nous rappellent que ces valeurs communes, que certains pensaient définitivement acquises, sont en réalité particulièrement fragiles.

Des forces opposées à la Démocratie, à la Liberté mais aussi à la Laïcité, sont présentes aujourd’hui sur le territoire français.

L’engagement personnel et quotidien de chacun d’entre nous, et particulièrement des nouvelles générations, est essentiel pour vaincre cette menace. Je souhaite que l’engagement de Pierre Engel serve d’exemple aux jeunes d’aujourd’hui et de demain.

J’insiste particulièrement sur ce point : la défense de nos valeurs est un combat qui prend tout son sens dans un XXIème siècle mondialisé.

Et je terminerai par cette citation de Berthold Brecht qui disait : « Celui qui combat peut perdre, mais celui qui ne combat pas a déjà perdu. »

Merci